Jules Jacot-Guillarmod
Médecin, alpiniste, explorateur et photographe
Jules Jacot-Guillarmod, est médecin, mais surtout alpiniste passionné, explorateur et photographe. Il nous laisse son journal tenu depuis l’âge de 18 ans jusqu’à sa mort (74 carnets) et un fonds de 12’000 photographies en 3D, dont 4500 sont aujourd’hui numérisées, illustrant ses deux expéditions en Himalaya (K2 en 1902 et Kangchenjunga en1905), un tour du monde organisé à l’occasion d’une mission de la Croix-Rouge en Sibérie (1919), et plusieurs voyages en Asie et en Afrique du Nord, sans oublier la vie en Suisse, en particulier dans les Alpes et le Jura qu’il affectionne. Très actif socialement, il préside le Club alpin des Diablerets et plusieurs sociétés scientifiques. Il meurt dans le Golfe d’Aden pendant son premier voyage d’exploration en Afrique.
Autour du monde avec Jules Jacot-Guillarmod
La plateforme numérisée, liant le journal et le fonds de photographies, vise à pérenniser l’accessibilité à tout public d’une infinité de possibilités de recherches documentaires, historiques et scientifiques.
Une réalisation unique en partenariat public-privé
La BV est également dépositaire des fichiers numérisés de 4’500 photographies qu’elle a répertoriées avec l’aide de Memoriav. Cette base de données et la transcription du journal permettent de comprendre et d’exploiter le Fonds dans sa globalité, les deux sources documentaires s’éclairant mutuellement.
L’alpiniste
A la conquête des hauts sommets
Il a vaincu tous les 4000 en Suisse puis le Mont-Blanc sans guide avant de participer comme médecin à la première expédition internationale himalayenne au K2 sous la conduite d’Oscar Eckenstein, en compagnie du sulfureux Aleister Crowley, une épopée les menant jusqu’à 6700 m, qu’il raconte dans le livre « Six mois dans l’Himalaya » réédité en 2019. Elle sera suivie d’une seconde expédition au Kangchenjunga en 1905, interrompue par une avalanche meurtrière. Ces deux expéditions lui confèrent une notoriété internationale et lui permettra de rester en contact avec le monde de l’alpinisme himalayen.
L’homme éclairé
Un témoin de son époque
Homme de science averti et médecin, il observe la nature et les sociétés du monde d’ici et d’ailleurs. Lors de ses expéditions en Himalaya, il documente quasi quotidiennement ses observations pour les transmettre, à son retour, à ses amis scientifiques et à un large public qu’il enthousiasme. Il s’intéresse également aux autres explorateurs de l’époque de régions extrêmes, en haute montagne ou dans les régions polaires, dont il parlera dans un très grand nombre de conférences et d’articles dans la presse de Suisse romande et du Club alpin suisse.
L’explorateur
A la conquête de la connaissance
Le goût de la découverte et de l’aventure l’incitera à l’exploration et au voyage. Il profite de chaque possibilité offerte, ou qu’il suscite, pour partir à travers la Suisse d’abord, la France et la Grande-Bretagne puis ce sera la Méditerranée, les Etats-Unis, la Chine et le Japon lors de son tour du monde, en 19019, à à l’occasion d’une mission du CICR chargée de visiter les camps de prisonniers austro-hongrois en Sibérie. Excellent organisateur et bénéficiant à l’étranger de réseaux officiels et privés, il revient à chaque fois avec un abondant corpus documentaire, jusqu’au jour où il décide de traverser l’Afrique et est emporté par une infection virale endémique qu’il a ignoré.
Le photographe
Raconter en images
Initié à la photographie par son père peintre qui l’utilisait pour fixer des sujets dont il s’inspirait pour ses tableaux. Très tôt il a compris son intérêt comme instrument documentaire. En 1898, il prend l’initiative de publier le premier Album des cabanes du Club Alpin Suisse avec des collègues alpinistes photographes. Quatre ans plus tard, lors de ses deux expéditions himalayennes, il partira avec le matériel photographique en stéréoscopie (3D) le plus à la pointe de l’époque. Il suit des cours de photographie à Paris et apprend à développer ses photos lui-même, les copie, sur papier ou plaques de verres, pour son usage personnel ou la vente et les enregistre systématiquement.
L’humaniste
L’honnête homme
Eduqué dans une famille de libre-penseur, il part à la découverte du monde avec un esprit de raison sans préjugés. Ses récits et photos des expéditions en Himalaya sont un précieux témoignage ethnographique car il est le premier à publier des descriptions quotidiennes de la traversée du Cachemire au début du 20e siècle. Il les complète par des relevés topographiques et météorologiques systématiques, des observations et collections botaniques et géologiques. Dans les archives aujourd’hui disponibles, cette démarche caractérise l’ensemble des témoignages qu’il a laissés ou qui le concernent.
L’engagement social
Un homme de réseaux
Il entre au Club alpin des Diablerets à Lausanne à 16 ans déjà où il noue des relations qu’il gardera jusqu’à la fin de sa vie, notamment dans le cercle des naturalistes spécialistes de la montagne. Dès le début de ses études à Neuchâtel, il devient membre de la Société des sciences naturelles et de la Société de géographie puis de la Société d’étudiants de Belles–Lettres, autant d’engagements qu’il poursuit lorsqu’il s’établira à Lausanne. Il sera accepté au Club alpin français, à l’Alpine Club et dans le Groupe des Himalayens à l’origine de la création du célèbre l’Himalayan Club. Bon cavalier, il fera son service militaire dans la cavalerie de montagne.
Le chef de famille
…avec deux femmes de tête
Aîné de quatre enfants, il perd son père à 20 ans et secondera sa mère, Adèle née Courvoisier dans la gestion du patrimoine familial et l’éducation des deux frères et de sa soeur. Il épouse à 39 ans sa petite cousine Madeleine Bovet qui assurera la direction de la clinique psychiatrique au Château de Prilly pendant ses longues absences en montagne ou à l’étranger. Ils auront trois filles, Ginette, Marie-Anne et Simone.